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Actualité

Parution : Les carnets d'Histoire de la médecine numéro 4

Date(s)

le 27 mai 2024

Lieu(x)
Site Tonnellé

Dossier : Anatole-Félix Ledouble et les leçons d'anatomie - Réalisée par des enseignants de la Faculté de médecine et de l'université de Tours, cette revue numérique semestrielle se veut accessible à tous et participative.

Anatole-Félix Ledouble est connu pour avoir été « l’homme des variations » anatomiques. Considéréescomme des jeux de la nature (lusi Naturae), de telles variations, connues depuis l’antiquité et révélées par la pratique de la dissection humaine dès la Renaissance, n’avaient eu guère d’incidence sur les descriptions du corps humain en médecine au fil des siècles ; elles sont en effet peu mentionnées dans les traités, encore moins représentées dans les leçons d’anatomie académiques figées par le pinceau du peintre.
À l’inverse, elles ont nourri le champ des représentations extra-ordinaires, des croyances et des contes friands de monstres et d’anomalies tératologiques.
En soumettant leur fréquence aux statistiques, en observant, énumérant, classant et expliquant ces « conformations inaccoutumées » (Os du crâne : XVI) aussi bien sur les pièces anatomiques à sa disposition que sur des représentations sculptées ou peintes, Ledouble a créé les fondements de « l’anthropologie zoologique », qui devaient lui donner une assise scientifique en médecine. Les bénéfices en sont évidents : que le cerveau modèle le crâne et non le contraire fut une avancée en neuro-anatomie et neuro-chirurgie par exemple. Mais on sait aussi les dérives extra-médicales qu’a connues ce type d’anthropologie, telle celle qu’Alphonse Bertillon mit au service d’une criminologie douteuse (qui participa de la condamnation d’Alfred Dreyfus), ou pire, celle imaginée par le régime nazi pour distinguer la race aryenne des autres ne méritant pas de vivre.
S’intéresser à l’oeuvre de Ledouble n’est pas faire oeuvre hagiographique, mais essayer de comprendre comment ce savant est à la fois le produit de son époque, soucieux d’une démarche scientifique, et l’héritier d’une culture «humaniste», formé aux arts et aux lettres. C’est aussi nous interroger sur le sens que nous voulons donner aujourd’hui à l’histoire de la médecine – qui englobe différents champs de recherche – et sur sa place dans les études médicales, tout en remettant en question sa propre démarche méthodologique qui devrait être multidisciplinaire.

Nous remercions Martine Augouvernaire, responsable de la Bibliothèque Émile- Aron, Alexandra Louault, infographiste et Daniel Bourry, responsable du Pôle Print, pour leur concours précieux dans la réalisation de ce numéro qui associe enquêtes historiques, médicales et artistiques.
Nos vifs remerciements aussi au nouveau doyen, le Pr Denis Angoulvant, pour le soutien renouvelé du décanat à la revue.

La rédaction Jacqueline Vons et Stéphane Velut