Partager
Actualité

Académie de Médecine : Retour sur les conférences des journées délocalisées

  • Santé-Sciences-Technologie,
Date(s)

du 11 octobre 2024 au 11 octobre 2025

Lieu(x)
Site Tonnellé

L’Académie nationale de médecine, présidée par la professeure tourangelle Catherine Barthélémy a organisé ses journées délocalisées à la faculté de médecine de Tours. Retrouvez les conférences ouvertes au grand public, en présence de plusieurs intervenants éminents, pour évoquer « la médecine de demain »



Conférence du Pr STÉPHANE VELUT

Vésale, un génie à l’origine de la parcéllisation du corps
Un tournant fondateur de l’histoire de la médecine s’est amorcé à la Renaissance avec la publication de l’ouvrage d’André Vésale : De humani corporis Fabrica (1543). On doit à cet anatomiste Bruxellois la première description systématique du corps humain en sept livres monumentaux consacrés aux grands systèmes (ostéo-articulaire, musculaire, vasculaire, nerveux, digestif, génital et cardio-respiratoire). Conception géniale et prophétique du corps qui annonçait sa parcellisation – par organes en chirurgie et par fonctions en médecine. Dans la seconde moitié du XIXème, les physiologies (cardiaque, respiratoire, neurologique, etc.) et la distinction des spécialités actaient pour toujours cette parcellisation du corps. Parachevant la fragmentation de l’humain, la fin du XXème siècle vit les troubles mentaux et comportementaux classés dans un énorme ouvrage de nomenclature (Diagnosis and Statistical Manual of Mental Disorders).
Ainsi, en quelques siècles, une véritable fragmentation de l’humain en trois entités élémentaires –psyché/corps/fonctions – se sera imposée. Les techniques qui s’y appliquent (de l’organe jusqu’au gène) lui attribueront de multiples subdivisons ultérieures, encore enrichies par de nouveau concepts sociaux autour de la notion de genres.


Conférence de Mme ÉLISE ANDRÉ & Mme JACQUELINE VONS

Sur les pas d’Alfred-Armand Velpeau
La conférence mettra en lumière quelques aspects méconnus ou ignorés de la vie et des travaux d’Alfred-Armand Velpeau (1795-1867) et permettra de corriger plusieurs erreurs et visions stéréotypées de son enfance à Brèches en Touraine et de sa carrière parisienne. À travers les carnets manuscrits et les documents conservés à la bibliothèque universitaire de médecine Émile-Aron à Tours, nous découvrirons le quotidien d’un chirurgien hospitalier, sa méthode de travail et sa bibliothèque léguée à la Faculté de médecine. Cette conférence s’appuiera sur des articles publiés par les mêmes autrices dans Les carnets d’histoire de la médecine n° 2 et 3.


Conférence du Dr VALENTIN MAISONS

La fusion des hôpitaux de Tours en 1802, le début d'une nouvelle ère
Le regroupement complet des établissements hospitaliers qui composent le CRHU de Tours approche. Cette fusion devrait s’étaler jusqu’aux années 2040 sur le site actuel de Chambray-les-Tours afin de faire naitre le « NHT » ou « Nouvel Hôpital Trousseau ».
En réalité cet épisode est une récidive puisque l’année 1802 sonnait déjà l’ère de la modernité dans la ville ligérienne avec la disparition des hospices médiévaux et l’avènement d’un hôpital unique : celui de l’Hôpital général  de Tours, résultant de la réunion des trois établissements existant à Tours ; l’Hôpital général de La Charité, l’Hôpital de La  Madeleine et l’Hôtel-Dieu.
Les raisons exactes de cette fusion restaient assez floues même si des sources secondaires avaient pu émettre quelques hypothèses. Nous vous proposons de revenir aux sources originelles, c’est à dire aux lettres échangées (notamment par le préfet Pommereul, chef d’orchestre de cette fusion), afin de connaitre les raisons exactes de ce bouleversement. Entre tensions politiques, religieuses, financières ou sanitaires, cette première fusion ne fut pas un long fleuve tranquille à l’image du Ruau Saint-Anne qui jadis coulait entre Loire et Cher.


Conférence de M. MARC RIDEAU

Relations entre le Jardin botanique, l’Hospice général et l’École de médecine et de pharmacie de Tours au XIXe siècle ; amour et désamour
A plusieurs reprises, la ville de Tours échoue dans ses tentatives à posséder un jardin botanique. Les conditions deviennent favorables quand une école préparatoire de médecine et de pharmacie est créée en 1841 à proximité de l’Hospice général de la ville. Jean-Anthyme Margueron, ancien pharmacien militaire, parvient par son opiniâtreté à convaincre les autorités médicales de l’utilité d’un tel jardin, lequel est installé en 1843 sur un large espace gagné sur un terrain marécageux appartenant à l’hospice. Nous évoquons dans cette communication les relations entre cette structure et la direction du jardin : d’abord enthousiastes et confiantes, elles deviennent progressivement conflictuelles devant les dépenses que doit financer l’hospice pour l’entretien du jardin au détriment des malades. Rétablies en 1853 par l’action diplomatique d’un ancien préfet, le vicomte de Villiers du Terrage, qui exonère l’hospice de toute contribution financière tout en lui conservant la propriété du jardin, elles s’apaisent à partir de 1858 lorsque David Barnsby devient à la fois directeur du jardin, directeur du laboratoire d’hygiène à l’hospice et professeur d’histoire naturelle à l’Ecole de médecine qu’il finit par diriger.


Conférence du Pr THIERRY PELACCIA

Quelques grands mythes de l’éducation médicale
Un mythe est une représentation erronée de la réalité, qui persiste malgré les preuves scientifiques qui la contredisent. De nombreux mythes imprègnent nos pratiques et guident nos décisions, notamment en matière de formation et d’évaluation. Lors de cette conférence, nous décrirons quelques grands mythes en éducation médicale, évoquerons des travaux de recherche marquants qui les déconstruisent, et discuterons de leurs conséquences pour l’exercice professionnel des enseignants en médecine.


Conférence du Pr JEAN-FRANÇOIS MATTEI

Enseignement et humanisme médical
Tenter de définir l’humanisme médical et situer son importance conduit à rappeler quelques grands traits de la nature de l’homme. Nous ne faisons que passer dans un monde qui nous soumet à l’implacable irréversibilité du temps, nous privant ainsi de demeurer à jamais dans une santé éclatante, sans souffrance et sans maladie. Dénuement, solitude, déréliction, voilà trois caractéristiques essentielles de l’homme qui doivent nous préoccuper en abordant la question d’une médecine plus humaine. Trois caractéristiques que les soignants n’ont pas le droit de laisser échapper dans leur engagement au service de cet homme-là comme ils se doivent de l’enseigner aux futurs médecins.
 

Conférence de Mme ANTONINE NICOGLOU

Les sciences humaines et sociales dans l’enseignement de la médecine
La médecine scientifique et biologique a placé le champ d’enseignement pour la préparation des futurs médecins principalement du côté des sciences dites « dures » : les mathématiques, la physique, la chimie, la physiologie, la biologie, l’anatomie (pour ne citer que quelques-unes des disciplines enseignées). Pourtant, il ne fait nul doute que la médecine a fait et continue de faire partie des sciences humaines et sociales non seulement par le biais de la pratique clinique mais également par les enjeux théoriques et fondamentaux qu’elle soulève. Cet exposé examinera la place des sciences humaines et sociales dans la médecine et son enseignement au sein des études médicales.
 


Conférence du Pr PATRICE DIOT

L’enseignement en médecine, vers de nouveaux paradigmes
Les trois cycles des études de médecine ont été réformés en quelques années depuis 2017. Au-delà des aspects essentiellement techniques, couverts par ces réformes, dont les effets doivent être évalués, la nécessité d’un travail sur les paradigmes apparaît aujourd’hui nécessaire.
La réforme de l’entrée dans les études de santé repose sur l’implication de composantes de l’université au-delà des seules facultés de médecine. Le modèle de facultés de santé est une option qui permet la mutualisation de moyens et le développement de l’inter-professionnalité, de la formation initiale à l’exercice professionnel. La piste d’un système LMD (licence, maîtrise, doctorat) santé, comme dans les autres formations universitaires, avec des passerelles entrantes et sortantes, débouchant notamment sur de nouveaux métiers de la santé et un enrichissement, une diversification, de l’offre de soins, serait une alternative de nature à faciliter les doubles cursus, notamment pour la formation à la recherche, aujourd’hui excessivement contrainte. Le premier cycle des études médicales est encore souvent considéré comme dévolu à l’acquisition des connaissances « fondamentales ». La notion de connaissances « essentielles » parait plus adaptée : connaissances centrées sur les bases indispensables en sciences « fondamentales », mais aussi en anatomie, physiologie, sciences humaines (incluant la communication, le leadership, etc), santé publique
(incluant le champ de la prévention), anglais et bien sûr sémiologie, mais une sémiologie revisitée, s’appuyant davantage sur les nouvelles technologies. La place des ressources numériques et de l’intelligence artificielle pour l’enseignement de la médecine doit être définie.
La durée des études de médecine ne cesse de se rallonger, notamment pour l’acquisition des spécialités, en troisième cycle. Une année pourrait être gagnée sur le deuxième cycle, qui pourrait être enseigné sur 2 ans, l’actuelle troisième année du deuxième cycle (DFASM) pouvant être basculée en troisième cycle et servir pour l’enseignement d’un socle commun, avec des enseignements transversaux (gestion, éthique et responsabilité, déontologie, prévention, etc) , tout en continuant de servir à la détermination de l’orientation de l’étudiant. Formation et recherche médicale sont indissociables et elles doivent se nourrir de la diversité naturellement présente au sein de l’Université. C’est le renforcement de l’ancrage de la formation et de la recherche médicale à l’Université qui pourrait catalyser les indispensables synergies nécessaires à l’ambition d’excellence de la médecine française.


Conférence du Pr ÉTIENNE CARBONNELLE

Vers de nouvelles formations médicales
La région Centre-Val de Loire est l’une des régions les plus défavorisées en offre de soin et la décision politique prise par le premier ministre en février 2022 d’ouvrir le premier cycle des études de médecine à Orléans a pour objectif de former davantage de médecins en région Centre-Val de Loire. L’universitarisation du CHU d’Orléans constitue un défi relevé par un collectif hospitalo-universitaire en cours de constitution. Une volonté commune anime la dynamique de l’ensemble des acteurs locaux de ce projet, tant universitaires qu’hospitaliers. Il s’agit de participer au développement de l’UFR de médecine au sein de l’université d’Orléans avec plusieurs missions, l’enseignement et la pédagogie, la recherche en lien avec l’hôpital et la vie universitaire. Au cours de la présentation, seront abordés les différents  défis à relever devant la création d’une UFR de médecine au sein de l’université d’Orléans. En septembre 2023 a été accueillie la première promotion, « Promotion Madeleine Bres », de 50 étudiants en deuxième année (DFGSM2) et la rentrée de septembre 2024 verra une centaine d’étudiants supplémentaire. Le premier cycle, grâce à l’aide des praticiens hospitaliers, des enseignants chercheurs de l’université d’Orléans et des hospitalo-universitaires d’Orléans mais également de Tours, est fonctionnel et les étudiants ont entrepris leur parcours de stages dans les services de l’hôpital. L’ouverture du second cycle est en cours de validation. Le développement de l’enseignement s’accompagne de celui des activités de recherches fondamentales afin d’attirer et former les plus jeunes aux carrières universitaires indispensables à l’avenir du CHU nouvellement créé. Le campus d’Orléans est riche de nombreuses structures de recherche déjà bien établies dont les thématiques diversifiées rayonnent à l’échelle régionale et nationale voire internationale : équipes labélisées CNRS, un accélérateur de recherche technologique INSERM, l'ART ARNm adossé au laboratoire de recherche en santé (laboratoire universitaire, LI2RSO) récemment créé afin de regrouper et coordonner les thématiques de recherche en santé à Orléans. Le succès de ce projet repose sur l’attractivité qui nécessite le recrutement d’hospitalo-universitaire, de l’innovation tant en pédagogie qu’en recherche, de la communication, ainsi que l’ouverture et la collaboration avec les autres partenaires locaux mais également de la région Centre-Val de Loire.


Conférence du Pr DRIFFA MOUSSATA

La formation à la « santé numérique »
La santé numérique ou e-santé est une vaste notion se rapportant à l’application des technologies d’information et de communication (TIC) au domaine de la santé. Elle inclut 3 domaines : les systèmes d’information, la télémédecine et la mobile-santé, impliquant un large éventail d’acteurs du sanitaire, du médico-social mais également les patients et leurs accompagnants. Elle apparait de plus en plus comme un enjeu majeur de santé publique, une part de solution aux défis du système de santé d’aujourd’hui du fait d’une hausse des pathologies chroniques, d’un vieillissement de la population, d’une baisse de la démographie médicale, ...
Ceci étant dit, ce virage numérique pris depuis quelques années presqu’à notre insu et prenant de plus en plus d’ampleur, appelle un certain nombre de questions sur la formation des professionnels de santé afin de prévenir le risque de fracture numérique. Il est vital que cette formation réponde aux besoins et aux exigences loco-régionales et ce pour la formation initiale et continue des secteurs du sanitaire comme du médico-social.
Cette volonté politique ambitieuse représentée par l’appel à manifestations d’intérêt (AMI) de France 2030 a été bien comprise par nos tutelles et aujourd’hui les universités sont entrées dans une compétition mondiale d’innovation pédagogique au numérique qu’il ne faut pas confondre avec l’innovation technologique suscitant vigilance, réticence voire résistance parmi les professionnels de santé. Il s’agit pour nos universités de se réinventer, d’investir l’enseignement numérique avec de nouveaux outils et modes d’enseignement qui dans le cadre de la santé doivent s’appliquer aux enjeux et nouvelles modalités de soins (développement d’applications, d’outils numériques, Intelligence artificielle, …).
Au sein de la région Centre, nos 2 universités d’Orléans et Tours ont mis en commun leur force vive afin d’élaborer un projet soumis à l’AMI Santé Numérique (ECOSNUM CVL, Ecosystème Numérique en Santé en région Centre-Val de Loire) incluant en phase socle une formation basée sur un référentiel regroupant 5 compétences qui sera mis en place dès la rentrée 2024 et une formation continue destinée au médico-social et au sanitaire (DIU du numérique en santé). Par ailleurs, 2 UERB (Unité d’Enseignement en Recherche Biomédicale) suivi par un Master 2 ont été construits dans la perspective d’intégrer une véritable filière du numérique dans les études de santé, afin de répondre aux besoins de la médecine de demain telle que la médecine 5P (personnalisée, préventive, prédictive, participative et selon des preuves).
Outre les enjeux technologiques, la santé numérique englobe d’autres dimensions juridique, sociologique, écologique et réglementaire qu’il faudra savoir s’approprier.


Conférence du Pr CHANTAL PICHON

Vaccins ARNm : apport des nouveaux outils numériques pour optimiser leur efficacité
Le potentiel des vaccins à base d'ARN messager (ARNm) a été révélé par leur efficacité pour lutter contre la pandémie de COVID-19. La réalisation de ces vaccins à ARNm a été rendue possible grâce aux connaissances et progrès acquis dans la fabrication des ARNm et de leurs systèmes de délivrance. Aujourd’hui, nous bénéficions de puissants outils numériques pour concevoir des ARNm et leurs formulations de manière optimale. L'apprentissage automatique est de plus en plus utilisé pour prédire, informer et guider la conception rationnelle de ces biomédicaments. Pour cela, il faut générer des données de manière pertinente en intégrant une méthodologie agile efficace des méthodes avancées d’apprentissage statistique. Notre but est de concevoir, optimiser et mettre en œuvre des stratégies efficaces pour maintenir les attributs critiques de qualité de manière reproductible. De très beaux résultats cliniques sont publiés sur ces biomédicaments et cela ouvre la voie au développement de formulations innovantes à base d'ARNm envisageant différentes applications thérapeutiques au-delà des vaccins dans les autres domaines de l’immunothérapie, la médecine régénérative et les maladies métaboliques.


Conférence du Pr CHRISTINE AMMIRATI

L’universitarisation des formations para-médicales
La mission « accompagnement de l’universitarisation des professions paramédicales » menée par les ministères en charge de la santé, de l’enseignement supérieur et de la recherche confiée à Christine Ammirati a débuté en octobre 2022. Pilotée à ses côtés par les deux directions centrales (DGESIP et DGOS), cette mission regroupe des représentants de l’ensemble des parties prenantes.  L’universitarisation des professions paramédicales a comme objectif l'inscription du cursus de formation dans le système " Licence, Master, Doctorat ».
Renforçant la part de l’université dans les cursus, l’intégration visée est pédagogique et/ou structurelle. L’intégration organique, qui ferait d’une filière paramédicale une véritable composante de l’université, ne s’envisage qu’avec un accord local de l’université, de l’institut de formation et du Conseil régional.
Quatre volets ont été déclinés :
  • Un volet conventionnel et règlementaire
  • Un volet « transformation pédagogique » qui détermine la trajectoire permettant le juste équilibre entre le savoir académique et la professionnalisation.
  • Un volet « droits de étudiants et qualité de vie étudiante »
  • Enfin le statut des encadrants et des enseignants chercheurs a fait l’objet d’une mission IGAS/IGESR qui préconise notamment une double valence clinique et académique pour les universitaires.
La transformation en cours, avec la création d’un véritable réseau territorial multi-professionnel d’enseignement et de recherche, la possibilité de poursuite d’études ou de passerelles font partie des réponses aux enjeux d’attractivité et de fidélisation des professions de santé.